Il y a quelques semaines je m'asseyais à une table afin d'assister à une réunion classique.
"Je n'irais pas par quatre chemin pour vous annoncer une mauvaise nouvelle, on doit vous licencier".
Mes dents sont venues imprimer le capuchon de mon stylo, mes muscles se sont contractés jusqu'à la crampe et mon cœur a cessé de battre quelques secondes. Mes oreilles par contre sont restées grandes ouvertes, cherchant à entendre le "mais non je rigole" de la bouche de mon boss.
Le "mais non je rigole" tardait a arriver et la blague continuait, on développait à l'oral la procédure classique d'un licenciement économique. Mes oreilles commençaient à ne plus rien entendre, gêné par un bourdonnement où tourbillinaient les mot "Pole-emploi", "indeminités", "chômage", "découvert ".
Chômage.
Je compris que le "mais non je rigole" ne viendrait pas le saligot.
Vu que je ne comptais pas le rouler par terre en salle de réunion en criant "noooooooooon, stepléééééé" je pris sur moi avec une capacité à masquer mes émotions que je ne me connaissais pas : le licenciement, ouai et alors, même pas mal.
Pendant deux jours je n'ai pensé qu'à ça, n'écoutant les autres qui me parlaient qu'à demi-mot, je n'en avais rien à faire vu que de toute façon j'étais licenciée. Je mangeais comme une licenciée, je me douchais comme une licenciée … A quoi ça ressemble une licenciée qui se douche ? A une fille qui a un job mais le sourire et la motivation en moins.
Je n'avais pas l'intention d'en parler, vivant ce licenciement comme un échec. Mais ne pas parler de son boulot ce n'est pas facile lorsque l'on a passé huit mois a clamer que celui-ci était le paradis sur terre. J'ai du donc faire face assez rapidement aux questions de mes amis :
"Et ton boulot ça va ?"
Je fais mine de ne pas avoir entendu.
"Ca va à ton boulot ?"
Je pourrais lui verser ma bière sur la tête comme ça on se fâcherait à vie et je n'aurais pas à répondre.
"T'es sourde ? Et puis tu fais quoi avec ta bière ?"
- Il est beau le mec à la table d'à côté !" Il fallait bien basculer sur un sujet hautement important pour prendre le pas sur cette question si banale.
Mais il n'y a pas tout le temps des beaux mecs dans les parages, j'ai donc du leurs parler de ma situation.
" Accroche toi bien … je suis licenciée
- Beh qu'est-ce que t'as fait?
- Rien ! Absolument rien c'est purement économique (Manquerait plus qu'on croit que c'est de ma faute)
- Bah au moins t'auras de la matière pour tes chroniques (NDLR j'écris des chroniques sur la recherche d'emploi, ça au moins je vais être inspirée).
- Moui c'est vrai
- Et tu pourras reprendre ton blog aussi !
- Oui en plus j'en ai très envie
- Beh tu vois ! Allez mouche toi un bon coup "
Snif !
Voyons le côté positif de la chose ... j'en aurais de nouveau des choses à raconter ...