« C’est prévu pour quand ? »
C’est fort étrange de répondre à cette question par « la semaine prochaine ».
La semaine prochaine j’embraye sur le boulot le plus connu, celui occupé par le plus de monde, toutes classes sociales confondues, le moins bien rémunéré et sans congé : celui de parent.
Est-ce que je suis prête ?
Matériellement oui.
Psychologiquement…
Je me console en me disant que j’ai commencé des tas de boulots sans savoir exactement de quoi il retournait. J’ai été téléopératrice en étant terrorisée par le téléphone, vendeuse sans avoir la moindre notion commerciale, chargée SEO sans savoir ce qu’était un « page rank » ou un « linkbaiting ». Chaque fois, on m’a fait confiance et surtout on m’a offert une formation plus ou moins longue afin de pallier mes lacunes.
Et des lacunes pour ce nouveau travail, j’en ai en masse. J’ai bien eu des petits frères et une nièce comme modèle mais il faut savoir qu’à la base, je ne suis pas le genre de personne qui se jette sur les êtres humains de moins de 5 ans. Et si on m’en met un dans les bras, je deviens raide comme un piquet regardant la chose se tortillonner pour me donner toutes les difficultés à ne pas la faire tomber à terre. Puis j’attends alors qu’elle pleure, ce qui arrive à toutes personnes se retrouvant aux prises avec un être raide et stressé.
C’est bien pour ça que sur mon CV il n’y a aucune expérience comme baby sitter et que mon seul entretien en la matière s’est soldé par un échec.
Pendant ces 9 mois, j’ai donc tenté de me former à sa fabrication et à en prendre soin. Comme toutes les futures mamans, j’ai été quelques fois lire des horreurs sur des forums où l’on parle avec des termes étranges comme « BB1 » et « gygy » (traduire en langage normal « premier enfant » et « le médecin qui me suit pendant ma grossesse »). Puis j’ai arrêté de les lire assez rapidement, la fois où une des participantes s’est mise à décrire la texture de la substance qui tapissait le fond de sa culotte en demandant à la populace « A votre avis C normal ? Lol ».
J’en frémis encore.
Ensuite, j’ai essayé les blogues triés sur le volet et les livres spécialisés recommandés par mon entourage. Au final, les conseils se contredisent selon l’époque ou le pays où ils sont écrits. Le seul conseil que l’on peut en retirer si on lit entre les lignes : tous les mouflets sont différents.
Mon copain et moi-même n’avons pas eu envie de suivre les cours prénataux de groupe offerts au centre de notre quartier. Lui parce qu’il est traumatisé par cette image dans les films où les couples sont assis par terre à faire la respiration du petit chien en changeant les couches d’une poupée en plastique. Moi parce que je pensais ne rien apprendre de majeur au niveau de la théorie par rapport à toutes les lectures que j’avais faites.
C’est la pratique qui me manque. Alors pour me former, je regarde des vidéos tutoriels, ce qui fait que mon historique YouTube trouve sa place entre celui de l’apprentie puéricultrice et de celui l’apprenti pédophile : « Donner le bain à un bébé », « nettoyer le nez d’un bébé », « érythème fessier »… et autres réjouissances qui ne me sauveront pas du ridicule mais qui m’éviteront peut-être d’appeler mes copines mamans en panique.
De toutes manières, comme dans tous mes boulots, les premiers jours seront un peu comme des OVNIS, comme dans tous mes boulots, au début, je tâtonnerai, ferai quelques erreurs, me remettrai en question puis rapidement je prendrai mes marques, m’intégrant rapidement et prenant le tout trop à cœur.
Le plus gros boulot de ma vie je sens.