Il est un métier que tous les étudiants (sauf quelques exceptions aux parents généreux ou aux relations plus efficaces) ont un jour exercé : travailler dans le grand monde de la restauration rapide, alias "Coéquipier de fast food".
Dans restauration rapide j’inclus les faiseurs d’hamburger, de pizzas, et toutes les autres structures où une fois au comptoir on s’adresse aux menus et pas à la personne qui vous fait face. Si vous faites partie de ceux qui commandent leur menu en regardant droit dans les yeux la personne en caisse au lieu de continuer à lire leur composition au dessus : chapeau !
Il y a un été lointain, à Barcelone, je débarquais pour deux mois et avec assez d’argent pour tenir une semaine. Il me fallait donc trouver un travail rapidement. Mes cv traduit au mot à mot à l’aide d’un mini-dictionnaire sous le bras je m’en allais les répartir dans toute la ville, attendant que mon avenir professionnel me sourit enfin...
...Sur une cinquantaine de cv, juste le Burger King m’a rappelé. Il faut dire que mon Espagnol de l’époque n’était pas très crédible, mais suffisant pour travailler dans la cuisine du roi des burgers.
Je devins donc la préposée à la cuisson des steaks hachés et au ravitaillement de produits surgelés, entrecoupé de passage en salle. Il faut savoir que les gens là-bas ayant pour coutume de laisser leurs plateaux sur les tables, les renforts de passage en salle sont donc très fréquents.
Heureuse d’échapper à la caisse et à la préparation des hamburgers (le seul que je n’ai jamais fait ayant été retourné en cuisine par le client), j’effectuai mon travail avec les quatre mots d’espagnol que je savais.
Mais en caisse il aurait mieux valut être. Je n’aurais jamais eut à devoir déboucher les chiottes plusieurs fois par jour. Je m'explique.
Ames sensibles s’abstenir de lire la suite. Pour les courageux je remplacerais merde par rose, ça sera plus facile pour tout le monde.
On m’expliqua rapidement que dar una vuelta en la sala (faire un tour dans la salle nettoyer les tables des estomacs repus et vider les poubelles pleines et percées) signifiait aussi dar una vuelta en los lavabos (aller voir si il reste toujours du papier et si les toilettes sont dignes de nos respectueux clients). Les gens s’en allant en laissant les tables pleines je doutais fortement de l’état des lavabos.
Je ne sais pas si la nourriture que nous servions était douteuse, mais les gens avait pour coutume de laisser la cuvette des toilettes pleine de rose et les gens suivant peu farouches, venaient compléter le bouquet, en y déposant eux-mêmes leurs roses par-dessus ce qui rend l’évacuation plus difficile n’est ce pas, si l’un d’eux venait à avoir l’idée saugrenue d’appuyer sur la chasse d’eau.
Entre deux steaks hachés je devais donc me transformer en plombière à l’aide d’un balai espagnol SANS LES FRANGES. Ca peut paraître évident mais la première démonstration par une de mes collègues sur le pourquoi du comment du débouchage de toilettes avait était fait AVEC les franges du balai. Je vous laisse imaginer l’ambiance, j’en cauchemarde encore.
Le mode d’emploi était simple.
Premièrement : tu saisis un balai espagnol et tu prends la délicatesse de dévisser la tête du balai.
Deuxièmement : tu le plonges dans l’amas de rose.
Troisièmement : tu secoues celui-ci vigoureusement en prenant soin de t’écarter suffisamment des projectiles.
Quatrièmement : tu évites de vomir et tu prépares mentalement ta lettre de démission.
Cinquièmement : tu retournes à la cuisson de tes steaks.
Mais comme d’habitude je restais et eut même la larmette à l’œil pour mon dernier jour de boulot.
Parfois je ne me comprends pas.
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