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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 21:00

Il fait beau, c’est le seul jour de la semaine où le soleil a décidé de se pointer. C’est une bière à la main qu’avec mon brun nous profitons de la pelouse bondée des bords de la Garonne. Le soleil commence à me dorer la peau, une légère brise souffle dans mes cheveux, la bière fraîche coule dans ma gorge …

« Brune il faut que je te dise quelque chose, c’est la dernière fois que je vais te le dire mais il faut que tu m’écoutes »

Je me redresse gentiment sur un coude et balance mes cheveux en arrière en avalant une nouvelle gorgée de bière. Je lui fais signe de continuer.

« Tu vas avoir 27 ans et tu t’encroûtes dans une situation sans espoir. Il faut que tu réagisses ! Après il sera trop tard et les petites jeunettes de 20 ans vont prendre ta place »

La bière reste coincée entre mes dents après avoir tenté de passer par mes narines.

Lorsque l’on cherche passivement un boulot, on se demande souvent « mais qu’est-ce que j’aimerais faire en fait jusqu’à mes 60 ans? ». C’est vrai, on n’est pas tous nés avec une vocation. Lorsque j’étais à l’école primaire, chaque début d’année on nous posait la même question sur la fiche de présentation : métier envisagé ? « Euh je viens à peine d’arrêter de jouer à la Barbie là, alors laisse-moi grandir en paix ... »

Chaque année j’écrivais un métier différent selon la mode chez les jeunes filles de mon âge : puéricultrice en CM1 à cause des bébés en plastique nourris au biberon artificiel, dessinatrice en CM2 suite au succès remporté à la majorité de mains levées lors du concours de la classe et photographe en 6ème en vue de remplacer un jour, celui qui nous sort les croutes de photo de groupe qui te suivent toute ta vie.

C’est par manque de vocation que j’ai choisi mes études.

Ce qui fait que je suis aujourd’hui aussi diplômée que non qualifiée.

Alors lorsque l’on arrive à l’âge de 27 ans et que l’on rentre tous les soirs en pestant contre son petit boulot du moment, forcément on finit par se heurter à son brun qui nous dit : « arrête de râler et demande-toi ce que tu veux vraiment faire. Et surtout fais-le !».

Je viens à peine de sortir de ma journée de boulot. Laisse-moi terminer ma bière en paix.

Là seule réponse que je trouve à ce débat est qu’au fond il est facile de se conforter dans sa situation, en ne se frottant à l’échec que de loin, sans prendre les risques qui nous mèneraient à un échec cuisant ou à une situation plaisante.

Je n’ai jamais su dans quel métier je voudrais passer plus de 12 mois, ni dans quel métier je pourrais proposer plus que ce que l’on me demande. Mais par contre je sais ce que je ne veux pas faire : un métier que n’importe qui pourrait faire.

Et le brun de rétorquer « tu ne trouveras jamais une annonce où il sera écrit cherche uniquement Brune pour faire ce boulot ».

Et pourquoi pas tiens !

J’avale une nouvelle gorgée de bière et relève la tête vers l’avenir.

C’est sur qu’à ce stade là de la réflexion je vais rester vendeuse longtemps.

… Ou finir alcoolique.

 

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commentaires

F
De faire un choix très jeune de ce que l’on veut faire plus tard et de se projeter dans l’avenir, ce n’est pas chose facile, c’est un peu comme tu dis selon l’humeur du moment. On regrette ensuite parfois son choix mais il n’est jamais trop tard pour changer de vie et c’est tout à ton honneur de t’engager dans cette démarche même s’il y a parfois quelques obstacles à surmonter. Courage…
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C
Décidément ça se confirme ... Je me reconnais vraiment dans tous tes articles. Je ne commente que rarement, parce que je trouve tellement que tout est dit !!! <br /> Mes 5 ans d'études en com, mon année de chômage et de petits boulots moisis (missions de 15 jours / un mois, toute convaincue que j'étais que ce ne serait QUE provisoire), ma reconversion alimentaire en employée de vie scolaire pour 2 ans, et le vide qui s'annonce dans 2 ans justement. Comme reculer pour mieux sauter, super comme sursis non ?<br /> <br /> Quoi qu'il en soit, l'important reste que j'aime venir ici tous les jours. Tu le dis si bien, ça rassure que, dans un autre coin de France, d'autres vivent ça aussi, et se posent les mêmes questions.<br /> A très vite, et tout plein de courage ! Tu parais déterminée, je suis certaine que ta place te sautera aux yeux un jour, et surtout te tendra les bras ! <br /> <br /> Bises
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L
<br /> Merci beaucoup pour ton commentaire Christèle. C'est vrai que de sentir moins seul ça permet de ne pas trop se dévaloriser. Toi aussi tu as du travailler pour manger<br /> et ne pas rester inactive. Je trouve ça honorable, à quand les employeurs le trouveront aussi? Je te souhaite plein de courage et n'hésite pas à intervenir par le suite.<br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br />
A
Il est très beau cet article, vraiment.<br /> <br /> Moi aussi, j'ai un peu tout quitté, mes 7 ans de droit, et tout l'emmerdement qui allait avec.<br /> <br /> Aujourd'hui ma famille considère que j'ai quitté une carrière naissante drôlement bien vue socialement, pour faire "des conneries sur Internet".<br /> <br /> Oui, mais aujourd'hui je sais qui je suis, et je touche le bonheur du bout des doigts.<br /> <br /> Toi aussi, Brune, un jour tu trouveras le chemin de ton épanouissement personnel.<br /> <br /> Plein de bises à toi !
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L
<br /> Ca me fais plaisir que tu dise que "tu touches le bonheur de bout des doigts". Sincèrement. Tu as été visionnaire et tu t'es fait a propre place dans milieu en pleine<br /> évolution. C'est tellement plus valorisant. Mais je comprends que la génération du dessus le comprenne moins aisément.<br /> <br /> Bises Alexiane!<br /> <br /> <br />
A
Nicolas a le mérite de poser les bonnes questions et d'appuyer là où ça fait mal. Ça va t'aider à aller de l'avant. Bravo Nicolas!
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L
<br /> C'est presque aussi efficace qu'un blog thérapeutique.<br /> <br /> <br />
H
Quand on me posait ces question habituelle sur le métier envisagé dans les fiches en début d'année, y compris à la fac, je ne savis tellement pas quoi répondre que j'ai pris l'habitude de noter: "dictateur". ca a le mérite de faire taire la personne qui pense devoir te donner un conseil d'orientation.
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L
<br /> Ou de voir les services sociaux à la porte de ton domicile le matin suivant!<br /> <br /> <br />