Ils sont là. Il y a 5 ans, je ne les voyais pas pointer le bout de leur nez, ils n’arrivaient pas encore à m’atteindre, devant étoffer leurs CV à coup de stage non rémunérés et d’année sabbatique pour apprendre l’anglais.
Mais ça fait deux ans qu’ils sont là. Humbles, ils commencent par des petits contrats, des postes en dessous de leurs ambitions mais ils te toisent avec leur jeunesse, et leurs yeux qui ne connaissent pas les cernes te lancent un regard qui en dit long sur qui sera le boss de qui dans quelques années.
Ils ont l’âge de nos neveux, sortent de l'université et sont bourrés d’ambition. La relève.
Ils percent le marché avec leurs CV créatifs. Wo… Wor quoi? Word? C’est sooooooooo 2000. Une génération qui a eu un ordinateur avant d’avoir ses premiers poils sous les bras ne fait pas les mêmes CV que celle qui devait se rendre dans des cyber-cafés et appelait sans arrêt à l’aide ce bon vieux Trombi. (Si tu ne sais pas qui est Trombi, c’est que tu es le sujet de ce post, ou que tu es le grand-parent du sujet de ce post. Dans les 2 cas, bienvenue).
Leur CV, en plus d’être plus design et plus hot, sont aussi mieux garnis. Tout d’abord les formations. On a inventé des nouvelles formations adaptées au marché du travail avec un nom qui pourraient inspirer George Lucas s’il se décidait à faire Star Wars 7-8 et 9 « Bachelor Management des dispositifs de communication branding et ROI » ou encore « Bachelor Community management & contents» (plus de noms barbares ici).
Je me suis retrouvée l’autre fois à parler de web avec un jeune de 24 ans, chacun de ses anglicismes et théories appris en cour étaient des coups d’épée à mon autodidactisme de l’époque.
Mais encore plus dangereuses que les formations, ce qui fait le plus mal ce sont les expériences professionnelles. «Après un voyage ressourçant de 3 mois en Inde je suis allée aider à bâtir une école au Sri Lanka, puis j’ai rencontré un Argentin qui m’a embauché 6 mois pour l’accompagner dans son entreprise de cyclotourisme en Mongolie. »
À ton âge, moi je partais à Dublin pour le week-end et le défi était de savoir qui boirait le plus de pintes de bière par jour (le record est de 11. Bravo JC).
Hormis leur CV étoffé, et parfois leur insoutenable beauté juvénile qui agace forcement, ils ont d’autres qualités les bougres. Leur nouveauté sur le marché du travail leur confère un enthousiasme pétillant qui jure avec l’air désabusé de leurs aînés et leur intégration du mot «syndicat» 3 fois par phrases.
Trop jeune pour être une vieille de la vieille.