Hier je suis allée voir « Les noces rebelles » avec mon brun. Après m’être demandé pourquoi n’avoir pas gardé le titre original au lieu de le remplacer par une niaise traduction, je me suis laissée tendrement scotcher à mon siège.
Les années 50, un couple de banlieusard avec deux enfants, une famille propre et étriquée dans leurs vies. L’envie de partir vivre enfin sa vie, d’avoir un destin exceptionnel.
Et là ça fait mal. Ce film a remué dans tous les sens chaque parcelle de mon ventre. Kate Winslet (fantastique) y prononce les mots comme l’on aimerait jamais avoir à les dire, car nous on en arrivera pas là (croit-on), on prendra notre destin bien en main (pense-t-on), on ne sera pas frileux et on aura assez de cran pour voir que la situation sera figée dans le bêton (espère-t-on).
Et là on hésite : la vie n’a-t-elle pas le caractère exceptionnel qu’on lui donne même en ne quittant pas son quartier ? Faut-il nécessairement voyager pour ne pas finir sa vie en vieux crouton aigrie ?
Je ne sais pas ce qui est valable pour les autres mais je sais ce qui est valable pour moi.
Et c’est déjà bien.
Un film qui met face à ses propres envies un peu oubliées ces derniers temps. Juste envie de voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, et même si elle ne l’est pas, et bien voir si les arbres se seraient pas positionnés différemment, histoire de nous donner une autre perspective de notre existence.
J’arrête là la métaphore botanique.
J’espère bien sûr ne pas faire des petits boulots toute ma vie en me disant que je trouverais du travail un peu partout, car des hamburgers tout le monde en mange. Mais je sais aussi que ce style de vie me permettrait de bouger plus facilement.
A condition de le faire évidemment.
Le film se termine.
Il nous faut au moins une bouteille de vin pour gérer la discussion qui suit : Partir ? Oui j’en ai envie ? Toi aussi ? Quand ? Où ? Pour faire quoi ? Je ne veux pas m’encrouter ici ! Oui tu as raison ! Quand ? Où ? On met de côté ! Va-t-on y arriver ? Mais je suis quand même bien dans ma vie en ce moment ! Moi aussi ... D’accord … juste que l’on hésitera jamais à partir le jour où l’envie pointera son nez ? On le fera.
On le pense, on espère et on y croit.